Le premier jour, elles devaient lui servir à excuser son retard. Elles en sont souvent l’apanage réflexe, habituel et efficace. Finalement les macarons auront gagné la partie, ils seront tout aussi éphémères. Ledit retard aura vite été oublié par la douceur de l’attente en terrasse, un thé fumant dans une main et un gros bouquin dans l’autre.
Le deuxième jour, elles illuminèrent le visage d’une femme bientôt fanée. Elles ont réchauffé le coeur, embelli la table et adouci les retrouvailles. Le repas est étonnamment plus frugal qu’à l’accoutumée, signe de la fin d’une époque. Ça pince le coeur (même réchauffé), ça chatouille les yeux, mais ça rend aussi plus sage.
La troisième jour, elles ont entouré. Dans un transat, sous le tilleul et le gros bouquin toujours dans une main. Les couleurs et les formes apaisent, même sous le filtre rosé des lunettes. Le chant des oiseaux, le bruit du vent, le ciel bleu et l’actinidia qui grimpe sur le tuffeau, une vraie carte postale. L’irrésistible cliché auquel céder avec délice.
Le quatrième jour, elles illuminèrent un autre visage. Elles entourèrent également dans le même irrésistible cliché, auquel tous ont délicieusement cédé. Un jeu de dés se substitue au gros bouquin, et le bleu de la piscine s’accorde au bleu du ciel. À la nuit tombée ce sont des centaines de nez en l’air qu’elles ont éclairés, incontournable fête nationale.
Le cinquième et dernier jour, elles furent une armure. Un motif sur une robe, choisie pour les circonstances mondaines du jour. Elles sont portées fièrement, elles dissimulent la timidité, elles donnent confiance. Le repas se déroule sous bonne escorte, la nappe s’étant parée de ce même motif. Déjeuner en armure, et en paix.
Le pouvoir des fleurs.